Mardi 4 mars, nous avons eu l'honneur d'accueillir à EPIN Madame Ginette KOLINKA, survivante du camp de concentration et d'extermination d'Auschwitz-Birkenau et passeuse de mémoire de la Shoah.
Madame Kolinka, née Cherkasky, avait 15 ans lorsqu'elle, son frère, son père et son cousin ont été arrêtés par la Gestapo et transférés parce qu'ils étaient juifs à Auschwitz, en avril 1944.
Elle a raconté, devant trois classes de Troisième, mais aussi aux Lycéens suivant la spécialité HGGSP et à une classe de Cinquième, la confiance absolue qu'avait son père dans les institutions françaises, n'imaginant pas ce dont le régime de Vichy allait être complice et ainsi ne pensant pas nécessaire de fuir la France.
Elle est revenu sur les conditions inhumaines de transport dans des wagons à bestiaux jusqu'au camp, l'arrivée terrifiante et affamée au camp. Lorsqu'elle a su que des camions proposaient de transporter les plus fatigués des déportés entre l'arrivée du train et le camp à encore quelques kilomètres de là, elle a poussé son jeune frère de 12 ans et son père de 60 ans à monter pour se reposer. Il s'agissait en réalité d'un piège où les personnes affaiblies montant dans le camion allaient droit à leur mort immédiate dans les chambres à gaz.
Mme Kolinka a créé la surprise en demandant aux 150 élèves réunis de lever la main s'ils avaient moins de 15 ans. Les trois quart de la salle ont levé la main et Mme Kolinka a tranché: si vous étiez dans le camp, vous seriez tués immédiatement en raison de votre jeune âge. Idem pour les femmes de plus de 45 ans et les hommes de plus de 50 ans. Seuls les plus solides dans les âges intermédiaires ont été passés en revue par des personnes qui les ont déshabillées, leur ont donné un vêtement ressemblant à un chiffon et les ont tatouées d'un numéro sur l'avant bras. Madame Kolinka a montré son tatouage, n°78599.
Quand Mme Kolinka est sortie des camps (car elle a été transférée à Bergen-Belsen puis dans un 3eme camp) en mai 1945 elle pesait 26kg...
Madame Kolinka, de ses 100 ans, nous a illuminés par le contraste entre son histoire très dure, un témoignage direct de la barbarie nazie et des dangers inimaginables de l'antisémitisme, et son sens de l'humour remarquable qui a fait rire les élèves plusieurs fois.
Nous remercions vivement Madame Kolinka pour sa visite à EPIN, devant nos élèves, et de nous avoir transformés à notre tour en passeurs de mémoire. Comptez sur nous.
Merci également à Mme Begon qui a animé cet échange et à nos élèves qui se sont montrés très attentifs et participatifs, vous nous rendez fiers!